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Simone Weil (1909-1943) |
David Rolland : « Vous en avez rêvé, un lecteur l’a fait : il s’agit d’un livre, de 9 pages. Merci l’auteur. » Impératif de circonstance : Agis de telle sorte que tu traites le boumeur aussi bien dans Dieu que dans le Dieu de tout autre jamais simplement comme un moyen mais toujours et en même temps comme une fin, un destin et de bon cœur.
mercredi 29 septembre 2021
Manifeste pour l’esprit
mardi 28 septembre 2021
ROMAN : Rêver debout, de Lydie Salvayre, L’AVENIR DE L’EXISTENTIALISME
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Poème de la foi : la communication par la lecture.
Le principe de la lecture de Don Quichotte est simple et tient en un syllogisme :
Don Quichotte a une âme.
Or, l’âme existe.
Donc, don Quichotte existe.
Peu importe que ça soit faux, cela marche avec le roman.
Miguel de Cervantès a élevé l’écriture au rang de pure création littéraire. Il est le père de tout existentialisme littéraire.
Lydie Salvayre l’a compris.
Nul avant elle n’avait montré qui et où était l’incarnation du saint esprit depuis la venue de Jésus. Cervantès est le premier écrivain classique, honnête homme, depuis ceux qui ont écrit les quatre évangiles. Mais Cervantès le confesse habilement : il ne comprend plus sa créature. Elle prend rapidement son indépendance, vit et meurt, avant de régner à la gauche du saint esprit — jusqu’au roman de Lydie Salvayre. Il y eut, après Cervantès, des hommes droits qui furent écrivains gentilshommes. Deux, ou trois en réalité, jusqu’à la création de Lydie Salvayre. Après elles, d’autres viendront, femmes et hommes. Il existe beaucoup, beaucoup de mystères dans les livres. Tout lecteur de don Quichotte me comprendra. Toute lectrice me comprendra.
Lien vers la page de l’éditeur
lundi 27 septembre 2021
Pourquoi les fous
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Nietzsche, Munch |
Pourquoi les fous sont-ils les vrais originaux ?Ceux qu’on appelle « fous » naissent deux ou trois foisLe commun des mortels renaît aussi parfoisaprès un long tunnel, mais plus souvent là-hautLes fous (entendez « fous tel qu’on aimerait l’être »)Sont nés, comme beaucoup, à la maternitéQuand ils en ont assez, quand ils veulent renaîtreils vont à l’hôpital qu’ils louent à la nuitéeMais les fous vont plus loin ; lorsqu’ils rentrent chez euxleur vie nouvelle est un miracle, ils sont au centreLes fous, qui en ont vu assez, veulent renaîtreAprès tout, c’est leur droit, « À soi-même son maître »Tout le monde peut l’être, il suffit d’une idéeils vont à l’hôpital qu’ils louent à la nuitée
mercredi 22 septembre 2021
CHRONIQUE : Le Platon des mirlitons
Poésie, où vas-tu ? Poète, que fais-tu ?
La critique la plus éparse et la plus crasse vous requiert.
Toute la profession était convoquée. Le procureur se présente, ébouriffé. Tout le monde embrasse son voisin. Le procureur, ému, déclare à l’assemblée :
Je suis l’humour, d’une charité prodigieuse,
qui provoque le rire et les aveux de l’hypocrite.
Poète, il est mort le printemps !
J’entends ta langue poétique au devenir philosophique, elle est réglée comme du papier à musique, j’entends. J’entends qu’on dit aussi beaucoup de mal à ton sujet. J’entends grincer les arts désaccordés. Il y a parmi vous force salauds. Exemple : le salaud qui a pris le parti de la rime... C’est un mauvais parti de droite !
J’aperçois maintenant quelque part, dans le fond, sans audace, la nostalgie qui abat tant d’alexandrins, à faire soupirer d’ennui nos plus grands mètres...
Avancez à la barre, grand-mère, doucement...
Je n’y arriverai jamais !
Votre absence n’en sera que plus éloquente.
vendredi 10 septembre 2021
LECTURE : Jacques Prévert vu par Michel Houellebecq
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Jacques Prévert, 1961, dans le film Mon frère Jacques, Pierre Prévert (source Wikipedia ©Jacqueline Prévert) Creative Commons |
Jacques Prévert est un con,
Interventions, Flammarion, 2020
Trop de grands cons ont pignon sur rue dans les Lettrespour que je n’en fasse la lecture aux toilettes...me disais-je, bien accroché à ma tablettelisant, lorsqu’un nouvel effort fit reparaître...Interventions 2020 de Houellebecqoù, paraît-il, « Jacques Prévert était un con » !Je cite : « Jacques Prévert est quelqu’un dont onapprend des poèmes à l’école »... Est-ce que qu-elque style le gêne dans l’enseignement ?La poésie n’est-elle réservée qu’aux grandscons d’une époque dont Houellebecq est le nom ?Tout est bon dans l’école, et la bonne paroleet d’y retourner apprendre la concision :Le poète Prévert est appris à l’école
— II —
SYNTHÈSE
Houellebecq a écrit : Prévert était un conLe poète Prévert est appris à l’écoleIl aimait les oiseaux, les fleurs, les vieux symbolesIl était plutôt libre et j’ai plutôt raisonMoi, j’ai honte à y lire ses bourgeois cochonsses jolies filles nues sorties des années follesses bambins immoraux nés des rues, nés des violsses curés négateurs, impeccables félonsLa critique historique infirme ses clichésL’intelligence aussi, qui manque aux débauchésà tous ceux partisans de la FraternitéPrévert en était un, c’était un libertaireÀ sa littérature des facilitéson peut préférer Robespierre — ou Baudelaire
jeudi 29 avril 2021
LECTURE : Quart livre des reconnaissances, de Jacques Réda, LE BON POÈTE
Quart livre des reconnaissances, Jacques Réda, Éditions Fata Morgana, 2021
Réjouis-toi, poésie !
Jacques Réda publie.
Le Quart livre des reconnaissances est l’un des rares livres, l’un des seuls, en 2021 et au-delà du temps, qui réveillent le lecteur de poésie égaré ou déçu par la production moderne.
Le Poète, fidèle à sa Muse, a su marier la forme et le fond dès les premières pages, qui s’ouvrent sur les Fragments d’une épopée du mètre avec la suite Le Roland sérieux :
I
Décasyllabe est le vers féodal
Du preux qui tient ferme sa Durandal
Entièrement composé de vers de dix syllabes et traitant des origines de la langue littéraire française, ce poème fourmille d’intentions, de trouvailles et de rimes, d’allusions et d’évocations historiques qui en font, outre une parodie tardive de la chanson de geste, une lecture chantante, une coupe légère qui accueille en elle les siècles et les esprits, sans imposer leur poids. Le geste donc, est large, ouvert, bienveillant.
mercredi 28 avril 2021
CRITIQUE LITTÉRAIRE : Deux livres de Pierre Vinclair
Pierre Vinclair (Prise de vers, La rumeur libre éditions, 2019),
(Sans adresse, Éditions Lurlure, 2018)
CRITIQUE :
Cela est fort vaste,
me dis-je en moi-même…
This dice is the last
à moins d’un poème…
Pierre Vinclair, Prise de vers,
Sans adresse, et Le coup de dés
Il versa tant dans l’analyse
que ses pieds étaient dans la mouise.
Que faire d’un texte illisible
censé bichonner l’impossible
s’il n’est que la déduction
du possible sans traduction ?
À ses parents, amis, marmaille
il fit des sonnets sans rimaille
longs de cent soixante-huit mètres
qu’il coupa en dodécamètres
ciseaux en main, en bon psalmiste
ou comme en poète modiste.
Cent soixante-huit obélus
quatorze font douze, pas plus.
Alors la rime est ajournée
car trimer toute la journée
sur sa pierre, comme un tailleur…
— Sa vérité était ailleurs !
Modestement, il fut formel :
Oui, le sonnet est éternel
à condition de le former
de l’informe vers l’informé.
Ce sujet, qui fera l’objet
d’un prochain cours sur le rejet
et le contre-rejet sans rime
en fin de vers, est fort sublime.
Nous y aborderons l’ouvrage
du sonnet, qui, hors de la page
bondit dans la réalité
et regagne l’éternité
avec sa complice, la prose.
En attendant l’apothéose
reprenons nos méditations
et rangeons nos tabulations.
… Pourvu que demain
je leur fasse un cours
Sur un écrivain
dont j’ai fait le tour…
mardi 13 avril 2021
CHRONIQUE : Le Printemps des Peuples
Certes, telle n’est pas vraiment la conclusion, puisqu’il s’agit de l’avant-dernière page de l’ouvrage ; à la page suivante, qui est bien cette fois la dernière, il écrit et rend hommage à Aimé Césaire : « Nous sommes définitivement avec toi / Sous “la pluie des chenilles” / Du côté de l’espérance. »
Ainsi espère-t-il, je le suppose et je l’espère avec lui, en la résurrection des peuples. Et vraiment, je pense la chose possible, sans doute probable et peut-être prochaine, bien qu’il y ait fort à faire — car si j’en crois la Bible, en Palestine il y a pratiquement deux mille ans, un homme nommé Jésus est mort et ressuscité. Or ni son nom ni sa mémoire n’ont cessé de vivre depuis sur terre. Si ce fait est exact, et bien que certaines personnes le tiennent pour une légende, les peuples seraient donc également promis à un avenir mémorable et glorieux ? Dieu, dans son infinie bonté, a ressuscité un homme ; pourquoi refuserait-il de ressusciter les peuples ?